Beaufour aime aussi confronter l’humain à l’animal, y trouver des contre-points, nous permettant de mieux nous connaître, d’illustrer les métamorphoses entre les espèces, les anthropomorphismes, qui caractérisent la porosité des catégories du vivant au sein de notre « civilisation ». Son expressionnisme est sans concession, sans limites, poussé aux frontières du bon goût, sans présupposition de la réception critique ou panurgisme vis-à-vis de la doxa contemporaine. Et c’est ainsi que Beaufour produit cette considérable galerie de personnages, dans un protocole libre et obsessionnel, schémas archétypiques d’enfermement qui tournent en rond et produisent pourtant un véritable corpus d’êtres vibrants. Ses figures sont transfigurées dans une mythologie universelle, empruntée à sa vaste imprégnation culturelle. Lorsque le regardeur ose affronter l’ironie, le malaise qui si souvent émanent des œuvres d’Henri Beaufour, il est saisi par son angle de vue alternatif, sa singulière « composition » du monde, dans une puissante vision intuitive de notre temps présent.